Nous avons découvert, à travers nos investigations, il y a quelques mois l’existence d’une réserve de chasse illégale, et ceci a permis de mettre à jour une grosse affaire de corruption et de complicité.
Cela a été un choc pour notre équipe et pour la Directrice de WARA de découvrir l’existence d’une réserve de chasse virtuelle en Guinée où elle se bat pour l’environnement depuis 15 ans, une réserve mystérieuse que personne ne connait, ni les autorités compétentes ni les organisations environnementales en Guinée, érigée secrètement par certains hauts cadres des Eaux et Forêt, et en complicité avec un chasseur professionnel espagnol.
Suite aux investigations, le 20 septembre 2018, une opération de GALF, de la Gendarmerie et de l’OGUIPAR (l’Office guinéen des parcs et réserves) a été organisée dans cette réserve de chasse située à Sabouya, dans la préfecture de Mamou, pour interpeller Mohamed Camara en flagrant délit avec des trophées d’animaux protégés en l’occurrence des bongos, buffle et autres espèces protégées et des armes à feu de chasse professionnelle hautement sophistiquées. Il sera conduit à Mamou pour être entendu par le Procureur qui finira par orienter l’affaire en instruction. Cette réserve de chasse, établit secrètement, n’était pas connu des autorités compétentes et de la communauté internationale qui s’active dans le domaine.
Mohamed Camara était employé du gérant de la réserve, Carlors Corces Bustamante, de nationalité espagnole. Devant le parquet du TPI de Mamou, Camara a dénoncé Carlos Corces comme étant le propriétaire de la Réserve et des armes.
C’est à la suite de cette dénonciation qu’un mandat d’amener a été délivré par le juge d’instruction en charge du dossier contre Carlos Corces. Une seconde opération a donc été organisée par le GALF, la Direction de la Police Nationale, le bureau d’INTERPOL, la Brigade de Recherche et d’Interpellation le 22 septembre 2018 sur les îles de Loos de Conakry au domicile de Corces. Une fois interpellé, il a été conduit à Mamou et placé sous mandat de dépôt par le juge, afin de mener des enquêtes et analyser ce dossier hautement sensible impliquant certains fonctionnaires complices au sein de l’Etat.
Carlos Corces a été inculpé pour détention illégale d’arme, abattage d’espèces animales protégées, et détention et circulation de trophées d’espèces intégralement protégées. Mohamed Camara et Carlos Corces sont en détention à la prison civile de Mamou.
Cette réserve de chasse frauduleuse a été créée dans l’une des plus riches régions en faune du pays. Pendant des années, des espèces intégralement protégées ont été illégalement abattues par des chasseurs du monde entier lors de la chasse aux trophées. Bien que la chasse à l’éléphant soit complètement interdite en Guinée, Carlos Corces faisait ouvertement de la publicité sur des sites américains comme « Book your Hunt » consacré à la chasse aux trophées afin de promouvoir sa chasse à l’éléphant dans la réserve de Sabouya où il avait affiché sur ces sites un prix de 5000 dollars pour tuer un éléphant, 3000 dollars pour un léopard, 5000 dollars pour un bongo, 1800 dollars pour un hippopotame alors que toutes ces espèces sont intégralement protégées par la loi guinéenne. Ces clients devaient également s’acquittait d’une somme supplémentaire de 2 500 dollars pour l’obtention d’une licence spéciale pour l’abattage d’éléphants, d’hippopotames et de léopards, licences qu’il n’avait aucune compétence à délivrer. Il a proposait sur ces sites aussi l’abattage d’une multitude d’espèces partiellement protégées.
L’enquête a révélé son implication dans un trafic de drogue. Corces a en effet été condamné en Espagne à 11 ans d’emprisonnement pour trafic de cocaïne et il est soupçonné d’être impliqué en Guinée pour des faits similaires.
Les hauts cadres responsables sont bien connus et nous travaillons à leurs arrestations pour que des poursuites judiciaires soient engagées contre eux.
Cliquez sur la couverture du magazine pour télécharger et consulter les derniers numéros.