Une décision historique prononcée hier contre des dealers de grands singes à Conakry !
Au terme de 6 mois de combat judiciaire, l’équipe du GALF a remporté une grande victoire, les dealers que nous avions arrêtés à Conakry le 29 janvier 2013 au cours d’une opération mixte d’INTERPOL, du Ministère de l’Environnement et GALF, LAGA et PALF, ont été condamnés hier aux plus lourdes peines que le pays ai prononcé pour les crimes fauniques !
Le Tribunal de Première Instance de Dixinn a condamné Ousmane Diallo, un trafiquant majeur de grand singe admettant avoir vendu 500 chimpanzés, à 1 an de prison ferme ainsi qu’au paiement de 50 000 000 gnf (6666 US$) de dommages et intérêt pour le Ministère de l’Environnement. Ses deux complices, Thierno Mamadou Diallo et Mamadou Alimou Bah, ont été condamnés à 6 mois de prison ferme et au paiement de 15 000 000 gnf (2000 US$). Ousmane Diallo est actuellement en fuite, un mandat d’arrêt a été délivré par le Tribunal et nous espérons pouvoir le trouver rapidement afin d’appliquer la sentence.
L’enquête, menée par l’équipe de GALF durant 9 mois et comprenant 10 enregistrements de caméra cachés, a révélée de nombreuses informations sur le trafic international de grands singes.
Ousmane Diallo a révélé avoir vendu plus de 500 chimpanzés depuis 1994, également des hyènes, panthères, un lionceau et des milliers d’oiseaux. Il travaillait avec des dealers spécialisés dans l’exportation de chimpanzés entre la Guinée et la Chine et était connecté à de nombreux réseaux criminels sur le continent Africain et dans le monde. Selon l’étude de Jane Goodall Institute pour récupérer 1 bébé chimpanzé vivant 10 membres de son groupe sont tués, ce qui signifie que Ousmane Diallo est responsable de l’abattage de 5000 chimpanzés ! C’est probablement le plus grand trafiquant de grands singes jamais poursuivi en Afrique.
Briser ces réseaux va nécessiter un réel engagement des autorités guinéennes car de grands criminels profitent du manque de volonté politique et de la légèreté des peines encourues. Mais cette fois-ci le résultat est excellent, 1 an de prison ferme est la plus forte peine prévue par la loi guinéenne pour ce type de délit, c’est une décision historique et pour la 1ère fois la Justice envoi un message contre l’impunité, c’est un véritable progrès pour le crime faunique en Guinée.
Ces dealers étaient capable d’exporter de grandes cargaisons de perroquets régulièrement, allant jusqu’à vendre illégalement des espèces provenant de lointains pays, comme des autruches, des gris du Gabon, des aras du Brésil, des cacatoès d’Australie ou des oiseaux indiens. C’est la première fois que nous voyons ces espèces importées dans cette région du continent et ceci nous aide à comprendre les nouvelles tendances dans le commerce illégal d’espèce sauvages en Guinée.
Lors de l’opération, plus de 150 oiseaux d’une dizaine d’espèces ont été confisqué chez lui et ses complices. Tous ont été réhabilités et relâché dans la nature, le dernier groupe de perroquets ayant été relâché le 28 juillet. Ainsi, les oiseaux retrouvent leur liberté et les dealers vont en prison !
Il faut saluer l’engagement exceptionnel du Ministre de l’Environnement qui a accordé un soutien fort dans cette affaire et qui montre une nouvelle fois que le changement est possible en Guinée.
Rappelons que le 2 mars 2013 à Bangkok, les Etats Parties à la CITES ont décidées unanimement de suspendre le commerce des espèces CITES avec la Guinée. La sanction a été infligée car la Guinée a délivrée de nombreux permis CITES frauduleux pour exporter illégalement 130 chimpanzés et 10 gorilles vers la Chine. Les activités illégales de ce genre de trafiquants majeurs ont largement participées à discréditer la Guinée mais avec de telles peines dissuasives, l’espoir renait !
Voici quelques passages des enregistrements cachés sur ces dealers de grands singes :
« Bien sur, j’ai vendu plus de 500 chimpanzés depuis 1994. Souvent, je peux prendre 10 ou 15 chimpanzés. On a des clients de ça. Hééé, j’ai vendu ça en quantité, en quantité, beaucoup même ! Le dernier chimpanzé j’ai vendu 1500$. Avant, on en trouvait partout, c’était moins cher, même à 25 000 GNF (3 us$) ou 50 000 GNF pour un. »
« Regarde tout ça c’est des caisses vides, ces des caisses pour exporter les chimpanzés, on peut mettre 2 dedans. Et encore, il y a presque 20 patrons ici qui font l’exportation de chimpanzés. On se connait très bien. Eux aussi ils viennent payer avec moi. Jusqu’à présent, ils font l’exportation. Tu sais leurs colis c’est par vol que ça part donc chaque envoi ils ont besoin de papiers et chaque semaine ils envoi des chimpanzés. »
« Oui ils sont protégés, c’est interdit, même ceux qui font l’export c’est en coulis, ils mélangent avec beaucoup d’oiseaux, malgré qu’ils ont les papiers ils cachent les chimpanzés, pas au niveau d’ici en Guinée mais chez les blancs, les blancs aussi savent comment faire passer là bas, tu comprends ? »
« Le bateau de pêche espagnol de LAS PALMAS, à chaque fois, ils achètent des chimpanzés avec des perroquets, en grande quantité. »
« Lion et panthère, on gagne ça mais ça passe vite. »
« Ca c’est les Aras du Brésil, 6 930 US$ la paire, tu connais la forêt amazonienne ça vient de là bas, je peux avoir 10 ou 20 paires. Au plus tard pour que ça quitte le Brésil et arrive ici il faut 10 jours. J’ai un bon fournisseur là bas. Les perroquets gris, je peux en avoir 100 à 200 rapidement ». Les gris avec queue rouge ça vient d’Afrique Central et c’est très cher. »
« De 1986 jusqu’à 2000, au nom de dieu je peux te dire qu’à Conakry il n’y a pas quelqu’un de plus riche que moi. Je ne suis pas encore un multi millionnaire mais je suis un millionnaire. »
« Si tu veux les papiers du Ministère, je peux le faire en mon nom, tous les gens qui font les papiers là bas aux Eaux et Forêt, à l’aéroport, en ville, tout le monde me connait très bien. Les licences, c’est pas difficile à avoir ici. En Guinée, pour que ça sorte, c’est comme bonjour. »
« En Afrique, j’ai le contact partout, jusqu’en Afrique centrale. Même ceux qui sont à Dakar, à Abidjan, à Ouaga, à Niamey, à Bamako. Quand tu dis mon nom, ils me connaissent. »
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