Aujourd’hui est encore un jour de victoire contre la corruption et la complicité.
Depuis le début de la collaboration entre l’ONG WARA via son projet GALF et le Gouvernement Guinéen il y a 7 ans, environ 150 trafiquants majeurs ont été arrêtés et condamnés.
Aujourd’hui, cependant, après une méticuleuse investigation pour fournir des preuves à la Justice, nous sommes fiers d’envoyer un grand trafiquant derrière les barreaux – Mamadou Dia, fonctionnaire d’État et Chef de la Division Faune à la Direction Nationale des Eaux et Forêt du Ministère de l’Environnement. Abusant de sa position, il collaborait avec un criminel de nationalité espagnol, tuant des éléphants et d’autres espèces totalement protégées.
Mamadou Dia, a été interpelé ce lundi 22 octobre 2018 lors d’une opération de WARA via son projet GALF, de la DPJ et du bureau d’INTERPOL de Conakry avec un mandat d’amener décerné par le Tribunal de Première Instance (TPI) de Mamou pour son implication dans la scandaleuse affaire de la création frauduleuse de la Réserve de chasse de Sabouya, en complicité avec Carlos Corces. L’arrestation de Dia était la 3ème dans cette série d’opérations de répression.
Suite aux arrestations de Mohamed Camara et Carlos Corces en septembre, et actuellement en détention à la prison de Mamou, la procédure d’instruction judiciaire a suivi son cours. Le juge en charge du dossier a fini par décerner un mandat d’amener contre Mamadou Dia sur la base des preuves. Il est soupçonné d’être le signataire du contrat de location et d’amodiation de la réserve donnant autorisation à Carlos Corces d’organiser des safaris de chasse dans cette réserve sans aucun respect des règles, avec des clients étrangers, chasseurs professionnels du monde entier, qui venaient régulièrement et pendant des années pour abattre des espèces animales intégralement protégées en violation de la loi nationale et aussi de la Convention CITES.
Cette réserve de chasse de 25.000 ha a été secrètement établie par la complicité de deux cadres, à l’abri des regards des hautes autorités de l’Environnement, y compris le Ministre, qui ne savait pas qu’elle existait. Elle n’est donc référencée nulle part et n’existe pas pour l’Etat Guinéen, les documents d’amodiation n’ayant jamais été enregistré au Secrétariat central du Ministère de l’Environnement. De plus, ces documents sont totalement frauduleux car selon la loi, seul le Ministre en charge de l’environnement a la compétence pour signer un acte d’amodiation. Dia Mamadou est le premier responsable et principal instigateur. Il a signé en 2016 avec Carlos Corces un contrat d’amodiation de pour la réserve de Sabouya avec des « frais de location » du territoire de 30 000 000 GNF par an sur une période de 7 ans, soit 210 000 000 GNF au total. Cet argent n’a jamais été versé à l’Etat au compte du Fond Forestier, compte d’affectation special où sont versées les taxes et redevances de ce type.
Bien que la chasse à l’éléphant soit complètement interdite en Guinée, Carlos Corces faisait ouvertement de la publicité sur des sites américains comme « Book your Hunt » consacré aux trophées de chasse afin de promouvoir sa chasse à l’éléphant dans la réserve de Sabouya où il avait affiché sur ces sites un prix de 5000 dollars pour tuer un éléphant, 3000 dollars pour un léopard, 5000 dollars pour un bongo, 1800 dollars pour un hippopotame alors que toutes ces espèces sont intégralement protégées par la loi guinéenne. Ces clients devaient également s’acquittait d’une somme supplémentaire de 2 500 dollars pour l’obtention d’une licence spéciale pour l’abattage d’éléphants, d’hippopotames et de léopards, licences qu’il n’avait aucune compétence à délivrer. Il a proposait sur ces sites aussi l’abattage d’une multitude d’espèces partiellement protégées.
M. Dia se rend complice de l’abattage de ces espèces menacés et protégée par la loi. Carlos aurait versé des sommes d’argent à Dia durant des années au compte de ce contrat d’amodiation frauduleux. Dia a été placé sous mandat de dépôt et incarcéré à la prison centrale de Mamou.
De plus, Dia est le point focal national du programme MIKE (CITES) chargé de monitorer les abattages illégaux d’éléphants, donc d’un côté il facilitait secrètement les abattages d’éléphants et de l’autre côté il était officiellement chargé de suivre et reporté ces abattages !
Pour mémoire, la Guinée est présentée comme une plaque tournante du trafic international des espèces sauvages et est toujours sous sanction par la Convention Internationale sur le Commerce des Espèces de faune et de flore sauvage menacée d’extinction (CITES).
En effet, suite à nos investigations, l’ancien chef de la CITES en Guinée Ansoumane Doumbouya, autorité corrompue en poste au Ministère de l’Environnement, avait été arrêté avec notre appui en aout 2015 et condamné à 18 mois de prison pour sa complicité avec les réseaux internationaux de trafiquants à qui il avait délivré durant des années des permis CITES contre de l’argent pour exporter des espèces protégées. Plus de 130 grands singes, chimpanzés, gorilles et bonobos, et des milliers d’autres animaux avaient été exporté illégalement en Chine et d’autres pays via le système corrompu A.Doumbouya, avec des permis frauduleux.
C’est donc la seconde fois qu’un haut fonctionnaire de l’Environnement est arrêté pour de tels faits, et il faut espérer que la sanction infligée par la Justice sera exemplaire. Avec notre soutien, la Guinée a fait de nombreux efforts dans la lutte contre la corruption. Et les efforts doivent continuer.
Le trafic d’espèces est un crime organisé transnational. Il représente le 5ème commerce illégal le plus important au monde amassant plus de 20 milliards de dollars chaque année.
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