Le 2 mars 2013 à Bangkok en Thaïlande, les Etats Parties à la CITES ont décidé unanimement de suspendre le commerce des espèces CITES avec la Guinée. La sanction a été infligée car de nombreux permis frauduleux ont été délivrés pour exporter des animaux, facilitant ainsi le commerce illégal d’espèces protégées.
Des permis d’exportation ont été délivrés par la Guinée pour des grands singes déclarés «élevés en captivité» alors qu’il n’existe aucun élevage en captivité dans le pays. En mars 2012, Interpol a révélé qu’au moins 130 chimpanzés ont été exportés de la Guinée durant les trois dernières années, principalement vers la Chine. En 2007, 2 chimpanzés ont été exportés puis 8 en 2008, 29 en 2009 et 69 en 2010. En outre, 10 gorilles ont été exportés par la Guinée en 2010. L’ampleur de ce trafic est sans précédent dans l’information au niveau international.
Selon une étude (JGI 2002), pour récupérer 1 bébé chimpanzé vivant 10 membres de son groupe sont tués, ce qui signifie que si 130 chimpanzés ont étaient passés en contrebande, 1300 sont morts, un crime qui a impact considérable sur les populations sauvages.
Cette sanction bloque désormais l’importation et l’exportation des 35.000 espèces listées par la CITES. Il s’agit de la plus sévère sanction que cette Convention des Nations Unies puisse prendre contre un Etat. Elle peut frapper fort le pays au niveau économique car elle supprime des revenus à l’Etat Guinéen mais surtout car c’est un symbole de l’isolement du pays sur la scène internationale.
En septembre 2011, le Secrétariat de la CITES avait effectué une mission
et conclut que ce trafic avait été rendu possible par l’incompétence grossière, la complicité et la corruption de certaines autorités guinéennes. En conclusion, il avait été spécifié les mesures que l’Etat devait prendre pour résoudre le problème. Le Secrétariat a ensuite invité la Guinée à fournir un rapport détaillé avant le 31 décembre 2012 afin de ne pas s’exposer aux sanctions commerciales et également à présenter un rapport écrit à la réunion de Bangkok. Aucun rapport n’a été présenté et des permis CITES pour des spécimens « élevés en captivité » ont continués à être émis. La Convention CITES concerne 178 pays et la Guinée, qui l’a ratifié en 1981, a été le 72ème signataire. La loi guinéenne et son manque d’application ne permet pas de mettre en œuvre la CITES de manière satisfaisante actuellement.
Un chimpanzé à Conakry se vend à environ 3000 à 7000 dollars. Ce business peut être attractif pour certaines autorités qui cèdent à la corruption. Rien d’étonnant dans un pays où la corruption – érigée en système de gouvernance – est très largement répandue. Selon Transparency International la Guinée occupe la 18ème place des pays les plus corrompu au monde ! (154 sur 172 pays sur l’indice de Perception de la Corruption 2012).
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